Les métiers du manga #5 : le graphiste, enjoliveur du manga
C’est la première chose qu’on voit en découvrant un manga : la jaquette ! Mais comment obtenir un résultat adapté au lectorat français sans trahir la version originale ? Otaku Manga a demandé à deux graphistes d’expliquer leur métier.
Tu veux découvrir d’autres métiers du manga ? Tu peux lire le traducteur, le scénariste, le lettreur ou le responsable de fabrication !
L’harmonie graphique avant tout
Les sorties de manga en France sont si nombreuses qu’aucun éditeur ne peut se contenter d’un seul graphiste. Ainsi, Mangetsu travaille avec Luchisco (@Luchisco) et spAde (@spade_graphisme) pour s’occuper de leur catalogue. Tous les deux s’accordent sur la définition de leur métier : « On fait appel au graphiste pour la mise en page et le lettrage d’un manga, pour réaliser le logo et agencer voire parfois retravailler complètement la couverture. L’objectif est de respecter au mieux le titre dans le cadre de son adaptation pour un public francophone, pas toujours au diapason avec les lecteurs japonais. » Mais la démarche se prolonge également sur le numérique (affiches pour les réseaux) et le marketing avec la création de goodies.
Si la mission du graphiste est claire, son travail n’est pourtant jamais le même ! Selon les circonstances, « on nous demande de rester très fidèles aux jaquettes japonaises afin de garder leur identité singulière (logo, choix des illustrations sur le dos, rabat…) ; ou au contraire de complètement les retravailler parce que les fichiers étaient trop anciens ou perdus, ou parce que la jaquette originale n’était pas assez vendeuse pour le public francophone ». Il faut alors prendre en compte le processus de fabrication (voir Otaku Manga No 4) : « Si le titre possède par exemple une dorure sur son logo, il faut éviter les lignes ou les trous trop fins, car ils risquent de boucher à l’impression ».
Un métier pour les curieux !
Tu penses qu’il faut impérativement savoir dessiner pour être un bon graphiste ? Détrompe-toi ! C’est certes un avantage en plus, mais spAde et Luchisco privilégient deux autres compétences. La première est professionnelle : il est impératif de maîtriser la suite Adobe (Photoshop, Indesign, Illustrator…). La deuxième, en revanche, est plus philosophique ! « Un bon graphiste doit avoir une bonne capacité d’analyse. En dehors de son propre travail, il doit observer ce qui entoure un manga, et se poser des questions comme par exemple : pour qui ce manga, affiche ou logo a été fait et comment ? Il ne faut jamais oublier qu’on croise constamment l’esthétisme, la communication et le sens. Par exemple, un logo doit être harmonieux, lisible et en adéquation avec le sujet : un bon logo ne sera pas forcément beau mais efficace dans son domaine », selon Luchisco.
Si tu veux, toi aussi, apporter ta patte à l’esthétique d’un manga traduit en français, tu peux te tourner vers un BTS en design graphique, ou les classes préparatoires en Arts Appliqués. Mais il faut savoir aller au-delà de l’enseignement académique ! Luchisco t’invite à développer ta curiosité, notamment grâce à Internet : « Les nombreux tutoriels restent selon moi les meilleures écoles pour développer son côté artistique. Si tu souhaites apprendre à faire le logo de Naruto, quelqu’un de passionné montrera comment le réaliser et ça reste une excellente ouverture pour le métier. » Là encore, spAde rejoint son collègue : « Si je devais donner un conseil, ce serait d’être curieux et rigoureux.
C’est un métier qui demande à ce qu’on se renouvelle sans cesse et pour cela, il ne faut pas hésiter à se documenter et à aller voir ce qui se fait ailleurs. Il faut savoir aiguiser son regard. » Ou, comme le résume si bien Luchisco : « Les yeux observent, le cerveau comprend et le cœur agit ! »