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Les métiers du manga #4 : Responsable fabrication, le créateur de l’objet manga

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Même si le marché numérique se développe à tout va, le livre reste le moyen préféré des Français pour découvrir un manga. Mais comment se crée cet objet ? Karim Talbi nous dévoile tous ses secrets de responsable fabrication !

Découvre les autres métiers du manga : le traducteur, le scénariste, le lettreur !

Jouer les intermédiaires

Pour Karim, tout a commencé très vite… et très tôt. « Mes premières fabrications remontent à 2007, 2008. J’avais tout juste 19 ans, et j’ai tout appris sur le tas. J’ai, à l’origine, une formation de graphiste et, comme on part des mêmes logiciels, les deux métiers sont un peu cousins… bien que très éloignés ! » Après cette formation en autodidacte, à une époque où l’industrie du manga n’était pas aussi professionnelle qu’aujourd’hui, il a fondé en 2011 la société isan manga. Karim a alors géré la fabrication de livres avec une qualité supérieure à la moyenne : format agrandi, couverture cartonnée, dorure à chaud… autant de cordes qu’il a ajoutées à son arc.

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©Tous droits réservés.

Quand il a fondé sa maison d’édition Isan manga, Karim a voulu concevoir des beaux livres, loin des standards de fabrication du manga : format agrandi, couverture cartonnée, dorure, signet (le marque-page en tissu)…

Il peut ainsi définir facilement son métier : « Il s’agit avant tout de faire la relation entre l’éditeur et l’imprimeur ». Derrière cette phrase simple se cachent cependant des étapes plus ou moins complexes, que Karim détaille pour nous. « Avant tout, je dois sonder l’éditeur : quel est le format souhaité du livre ? Quel papier veut-il ? Quels effets sur la couverture ? Souhaite-t-il imprimer en France ? En Europe ? En Asie ? Quand tu discutes avec la Chine, les délais seront plus longs. Donc, en fonction des souhaits, du calendrier, de la qualité désirée et du budget, je vais savoir vers quel prestataire me tourner pour l’impression. » En effet, il ne faut pas penser que chaque éditeur travaille avec un imprimeur associé ! « Si je travaille toujours avec le même prestataire, il acceptera toutes mes commandes… mais sous-traitera pour certaines demandes qu’il ne peut effectuer lui-même. Et donc, il prendra une marge, ce qui fait grimper les coûts. Mon objectif, en fonction de chaque commande, est donc de trouver l’imprimeur approprié. »

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Avec Cobra, Karim s’était lancé le pari fou d’éditer un manga 100 % en couleurs ! ©Tous droits réservés.

Polyvalence et souplesse

Néanmoins, dans le cadre des mangas, le cahier des charges est souvent le même : 200 pages environ en noir et blanc, quelques pages couleur, une jaquette. « La plupart du temps, on fixe le prix de vente avant même l’achat des droits au Japon. À partir de là, puisque je connais le budget et le calendrier, je peux passer ma commande chez l’imprimeur, réserver le papier et les dates d’impression. »

Il faut donc avoir une connaissance de toutes les étapes de la chaîne de production du livre pour assurer le poste de chef de fabrication de l’éditorial à l’impression, sur le plan économique comme sur le plan technique. Il paraît ainsi plus logique de proposer un ouvrage plus luxueux (grand format, effets sur la couverture…) pour un titre seinen destiné à un lectorat adulte avec un pouvoir d’achat plus élevé, et des livres plus accessibles pour des shônen ou shôjo à destination d’adolescents qui ne possèdent que peu d’argent de poche.

Si ce métier t’intéresse, plusieurs cursus peuvent t’y mener. « On peut trouver des formations à l’Asfored, une école publique ; passer par les métiers du livre d’art avec l’école Estienne ; ou encore la communication graphique aux Gobelins. Je cite des écoles parisiennes car j’ai grandi à Paris, mais avant tout des écoles publiques. Il y en a également dans d’autres grandes villes, il faut chercher. On peut aussi accéder à ce poste après un BTS, une licence ou un master. » Mais il y a un élément crucial pour ce poste, selon Karim, qui ne s’enseigne pas ! « La qualité première d’un chef de fab’, c’est être débrouillard, savoir sortir de sa zone de confort, surtout actuellement, avec les ruptures de stock de papier. Car un éditeur change souvent d’avis, parfois à trois semaines du délai ! Il faut donc faire preuve de souplesse, c’est indispensable »

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