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Culture manga : à la découverte du kimono

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C’est probablement l’un des plus grands décalages culturels : quand on dit « kimono », un Français pense instantanément, et à tort, à une tenue de judo. Alors que pour les Japonais, il s’agit avant tout d’un vêtement qui porte en lui toute l’âme de son pays.

Les origines du kimono

Commençons par un peu de vocabulaire. Kimono est la contraction de kiru, le verbe « porter » (dans le sens vêtir), et de mono, « chose ». Kimono désigne donc « une chose qu’on porte sur soi », soit un vêtement. Influencé par la mode chinoise, c’est à partir du huitième siècle qu’il prend une dimension vraiment japonaise. On distingue alors deux types de vêtements : l’osode aux manches longues, porté pour les cérémonies et le kosode aux manches étroites, porté au quotidien. C’est ce dernier qui se retrouve désigné sous le terme kimono à partir du XIII e siècle. Le vêtement est alors porté par les femmes comme par les hommes.

Après des guerres civiles incessantes, le Japon connaît enfin une stabilité politique durant l’époque Edo (1603–1868). Coupé du monde, il bénéficie d’une croissance économique sans précédent. Les tisserands de la capitale, Kyoto, développent alors une mode. Auparavant vêtements du quotidien, les kimonos se font de plus en plus luxueux pour vêtir les membres de la classe dirigeante, ce qui permet aux marchands de tissu et aux artisans de s’enrichir. Cet engouement prend encore plus d’ampleur en s’orientant vers Edo (future Tokyo), où bouillonne la culture de l’ukiyo (monde flottant), consacrée aux divertissements et à l’apparat.

Le kimono, kézako ?

Contrairement à la mode occidentale, où les vêtements sont conçus pour souligner ou masquer les formes du corps, le kimono existe avant tout pour lui-même. Par conséquent, il est le plus plat possible, afin de mettre en valeur son tissu et ses motifs : un kimono est assemblé à partir de pièces de tissu rectangulaires, cousues et parfois pliées, mais jamais recoupées ! Détail d’importance, on place toujours le pan gauche sur le pan droit : seuls les défunts sont vêtus en croisant les pans à l’inverse.

Il s’accompagne de plusieurs accessoires comme l’obi, ceinture indispensable (là encore, sous forme d’un rectangle de tissu) dépourvue de boucle ou de fermoir. Les pieds, vêtus de tabi (chaussettes blanches en coton séparées au niveau de l’orteil), se glissent quant à eux dans des geta, sandales de bois à semelle épaisse dotée d’une lanière en tissu. Enfin, optionnels, le michiyuki est une veste apportant un peu de chaleur, et l’uchikake un sur-kimono riche en ornements destiné à des cérémonies prestigieuses ou des spectacles.

Et aujourd’hui ?

À partir de l’ère Meiji (1868–1912), le Japon s’ouvre au monde, et les tenues occidentales se mêlent aux tenues traditionnelles : Demon Slayer, qui se déroule durant l’ère Taishô (1912–1926) en est un parfait exemple. La tutelle américaine après la deuxième guerre mondiale achève cette modernisation, et le kimono tombe en désuétude… mais pas dans l’oubli !

Ainsi, quand vient l’été, beaucoup de Japonais revêtent un yukata pour supporter les chaleurs extrêmes. Sobres et unis pour les hommes, ces kimonos simples en coton léger se parent de motifs colorés pour les femmes, qui choisissent avec soin le modèle qu’elles porteront pour
un rendez-vous romantique durant un festival d’été !

kimono 1

Quant au kimono à proprement parler, il est réservé aux occasions exceptionnelles, comme le rituel du seijin shiki. Chaque année, au deuxième lundi de janvier, les Japonais de 20 ans célèbrent leur passage à la majorité. Les jeunes femmes revêtent alors un furisode, kimono à longues manches, loué par leur famille pour l’occasion – chaque modèle coûte plusieurs milliers d’euros ! On est donc bien loin de la tenue sportive, qui s’appelle… un judogi !