Rétro manga : découvre la saga Capitaine Albator
Un demi-siècle après sa création, le monde entier connaît Albator, héros pirate de l’espace naviguant sur les mers d’étoiles. Des étoiles que son créateur, Leiji Matsumoto, a rejoint le 13 février 2023, à l’âge de 85 ans.
À l’abordage !
L’humanité semble avoir atteint la forme ultime de progrès en cette fin de 30e siècle. Les robots extraient les ressources des planètes colonisées, et fournissent tout le travail sur Terre. Par conséquent, tout le monde se vautre dans les divertissements, y compris les autorités gouvernementales… qui ne prêtent aucune attention à l’énorme sphère qui vient de s’écraser sur Terre. Le professeur Daiba, lui, a vite compris qu’il s’agissait d’un vaisseau rempli d’extra-terrestres, les Sylvidres, cherchant à s’emparer de notre planète. Assassiné par ces aliens,
il a tout juste le temps d’en informer son fils Tadashi.
Ce dernier embarque alors à bord de l’Arcadia. Ce vaisseau spatial rappelant les galions est dirigé par le capitaine Albator. Ce fugitif, condamné par le gouvernement, a beau être détesté par les Terriens, il fait tout pour les protéger… et protéger la liberté !
Albator, bien plus fort que la mort
Né en 1939, Akira Matsumoto rêvait d’une carrière d’ingénieur en aéronautique. Une ambition trop coûteuse dans le Japon d’après-guerre ! Il se tourne donc vers le manga, et débute en tant qu’assistant d’Osamu Tezuka, son idole. Après s’être forgé dans le manga pour filles (il en conservera des héroïnes à la chevelure en cascade et aux lignes souples), il s’oriente vers le shônen manga au milieu des années 60 sous le pseudonyme Leiji Matsumoto… et plus particulièrement vers la science-fiction. Diffusée à partir de 1974, la série animée Space Battleship Yamato qu’il réalise, tout en dessinant en parallèle le manga associé, devient un phénomène de société qui le consacre auprès du grand public.
Ce nouveau statut permet à l’auteur d’aborder des thèmes plus matures, et de critiquer la société japonaise des années 70, entièrement tournée vers la croissance économique et l’oisiveté au détriment de l’entraide et du bien commun. Capitaine Albator ne ménage donc pas son jeune lectorat, en qui Leiji Matsumoto place beaucoup d’espoirs pour le futur. Simultanément, il dessine deux autres titres majeurs, Queen Emeraldas et Galaxy Express 999, qui se déroulent dans le même univers.
Tous seront adaptés en série animée, mais Capitaine Albator aura droit à deux séries ! Diffusées en 1978 et en 1984, elles mêlent space opera et romantisme (au sens romanesque) avec son héros ténébreux au sombre passé, mais prêt à tout pour protéger les innocents. Grâce au charisme d’Albator (qui s’appelle Harlock au Japon), la saga pour enfants, mais pas enfantine, conquiert le reste du monde, notamment la France. Universelle et atemporelle, l’œuvre connaît ainsi des mises à jour technologiques (un long métrage en 3D par Shinji Aramaki en 2013) ou des réinterprétations occidentales (une BD signée Jérôme Alquié en 2019) sans perdre son authenticité. Capitaine Albator perdurera donc à jamais dans le cœur de multiples générations, et survivra à son auteur qui l’affirmait, à juste titre : « Le temps ne trahit pas les rêves »
Le savais-tu ?
La diffusion des séries animées tirées de Capitaine Albator a marqué beaucoup de petits Français dans les années 80… dont les Daft Punk ! Les deux musiciens ont ainsi demandé à Leiji Matsumoto, en 2003, de réaliser Interstella 5555, clip de 68 minutes illustrant leur album Discovery !
- Lire un extrait ici.
- Scénario et dessin : Leiji Matsumoto
- Éditeur : Kana
- Genre : : space-opera romantique
- Sortie : 6 décembre 2013
- Prix : 25 €
- Public : 10 ans +
Par Matthieu Pinon