Manga, tout un art ! Une vague nippone déferle sur le musée Guimet
Le musée Guimet consacre une exposition exceptionnelle au manga, déployée sur trois étages. Du 19 novembre au 9 mars, tradition et pop culture se rencontrent.
Cet hiver, une vague manga déferle place d’Iéna. Le musée national des arts asiatiques Guimet propose une immersion culturelle inédite dans l’univers fascinant de la bande dessinée japonaise. Pour la première fois, les trois étages du musée accueillent une exposition d’une ampleur exceptionnelle qui replace les héros de manga dans leur contexte culturel d’origine.
Des racines millénaires aux pages modernes
Intitulée Manga, tout un art !, l’exposition lève le voile sur la naissance et l’évolution complexe de la bande dessinée japonaise de la fin du XIXe siècle à nos jours. Le parcours débute par une exploration des influences qui ont façonné cet art : les traditions japonaises anciennes, les influences occidentales, la presse satirique, les prémices du dessin animé et le kamishibai, cette forme de théâtre de rue pour enfants.
La figure tutélaire d’Osamu Tezuka, père du manga moderne, occupe une place centrale dans ce premier volet. L’exposition plonge ensuite dans la contre-culture et les revues qu’elle a suscitées, explore les nouvelles narrations et les jeux entre les genres. Un dialogue inattendu s’établit entre les personnages emblématiques de la pop culture japonaise et les collections historiques du musée, créant un pont saisissant entre tradition et modernité.
Le premier volet se termine sur la présentation de robes de haute couture inspirées par la culture manga, témoignant de l’influence durable de cet art sur la création contemporaine.
La Grande Vague et ses échos infinis
Une salle est spécialement consacrée à l’estampe iconique de Hokusai, « Sous la grande vague au large de Kanagawa ». Cette section explore l’influence que continue à exercer cette icône de l’art japonais sur les artistes du monde entier, avec des planches de dessinateurs de BD tels que David Etien, Coco ou Moebius, ainsi qu’une spectaculaire robe de haute couture de la maison Dior.
La préhistoire du manga révélée
Le troisième volet de l’exposition réserve une surprise de taille : la découverte de l’univers méconnu des rouleaux peints et livres illustrés des XVIIIe et XIXe siècles, considérés du point de vue de l’art des mangas et de ses procédés graphiques. Des bulles de rêve et des dialogues dans les images aux représentations des rayons de lumière et des flatuosités explosives, ces œuvres témoignent de l’étendue des registres de l’art narratif japonais, de l’humour le plus désopilant aux récits les plus édifiants.
Un ouvrage éponyme à paraître aux Éditions Glénat
Pour prolonger l’expérience au-delà des salles du musée, un ouvrage de référence paraîtra aux Éditions Glénat. Ce catalogue ambitieux propose une plongée approfondie dans les fondements du manga, depuis l’origine même du terme jusqu’aux ramifications contemporaines de cet art narratif. L’ouvrage dévoile les premières manifestations de bulles dans les écrits traditionnels japonais, établit les connexions avec le kamishibai et décrypte les multiples références à la mythologie et à l’histoire des arts nippons qui irriguent les œuvres modernes. On y découvre ainsi comment la figure du roi-singe de Son Goku dans Dragon Ball ou le renard à neuf queues de Naruto s’enracinent dans un patrimoine culturel millénaire.
Le catalogue met en regard des œuvres exceptionnelles issues de collections privées avec des archives et dessins originaux, illustrant ce dialogue permanent entre passé et présent. Il retrace également l’évolution éditoriale du genre, aussi riche et complexe que celle des comics américains ou de la bande dessinée européenne. Le lecteur découvrira notamment que, dès l’après-guerre, des autrices investissaient déjà le manga en s’adressant à un lectorat féminin, tandis que des récits réalistes et politiques destinés aux adultes trouvaient leur place dans des revues à fort tirage.
Au-delà du contenu de l’exposition, l’ouvrage offre une familiarisation avec les maîtres qui ont façonné l’histoire du manga : outre l’incontournable Tezuka Osamu, on y croise Kitazawa Rakuten, pionnier du genre, Mizuki Shigeru, maître du fantastique, ou encore Ishinomori Shōtarō, auteur prolifique et visionnaire.
- A paraître aux Éditions Glénat le 13 novembre, 208 pages — 40 €

Informations pratiques :
- 19 novembre 2025 — 9 mars 2026
- Tarif plein : 13€
- Tarif réduit : 10€ (voir « Préparer sa visite »)