Culture manga : Les magical girls
C’est une des figures les plus reconnaissables parmi les productions en manga ou en dessin animé. Pourtant, sais-tu vraiment ce qui se cache derrière les magical girls ?
Premières ex aequo
C’est dans les années 1960 qu’apparaissent les magical girls. Elles sont d’ailleurs deux à se disputer le titre de première historique dans la catégorie. Et elles ont toutes les deux raison : c’est ça aussi, la magie ! L’explication est simple. En 1962, Himitsu no Akko-chan de Fujio Akatsuka est la première magical girl de l’histoire du manga. On y suit Atsuko, une petite fille qui adore les miroirs. Le jour où celui de son poudrier offert par sa mère se brise, elle l’enterre, ce qui attire la Reine des Miroirs : désormais, At-suko peut se transformer en ce qu’elle veut grâce à son miroir ! De son côté, Sally la petite sorcière n’arrive qu’en octobre 1966 en manga… mais débarque deux mois plus tard à la télévision ! Après 17 épisodes en noir et blanc, la série bascule en couleur (une première au Japon), ce qui lui assure une popularité immense. Il faudra en revanche attendre 1969, trois ans plus tard, pour que Himitsu no Akko-chan soit adapté en série TV, parvenue en France sous le nom Caroline et le poudrier magique.

Le savais-tu ?
Pour créer Sally la petite sorcière, Mitsuteru Yokoyama s’est inspiré d’une série américaine qui séduisait le monde entier à l’époque : Ma sorcière bien-aimée !
Ces deux titres posent les fondations de la magical girl : une petite fille, dotée de pouvoirs surnaturels, s’en sert pour résoudre des problèmes en se transformant, mais doit garder sa nature magique secrète. En gros, l’équivalent féminin de Superman ! À partir des années 1970, le studio Toei ajoute des caractéristiques supplémentaires : la magical girl possède un accessoire (un sceptre le plus souvent) et est accompagnée de mascottes qui font le lien avec le royaume magique dont elle est issue. Autant de jouets et de peluches à vendre aux petites filles ! Mais les magical girls ne sont pas uniquement mercantiles, puisqu’elles reflètent le mouvement de li- bération des femmes des années 1970.
Après un passage à vide, le genre est abandonné par les sociétés de production. Il connaît un renouveau en 1982 avec Gigi, première vraie ambassadrice qui ravit le public français. Grande nouveauté : l’héroïne aux cheveux roses se transforme en femme adulte (policière, infirmière, pilote…) pour résoudre ses problèmes ! Ce concept se retrouve chez les magical girls du studio Pierrot, comme Creamy la chanteuse et Emi la magicienne. Avec Suzy aux fleurs magiques et Vanessa et la magie des rêves bleus, elles éblouissent la fin de la décennie.
Débarque alors en 1992 la star absolue, toujours aussi populaire trente ans après sa création : Sailor Moon ! L’idée géniale de sa créatrice ? Fusionner les codes de la magical girl (transformation, accessoires magiques, mascottes…) et du sentai, les escadrons colorés façon Power Rangers. Elles sont cinq (puis neuf) guerrières Sailor à protéger la Terre grâce à leurs pouvoirs… mais aussi grâce à leurs aptitudes au combat ! Triomphe à travers le globe, Sailor Moon continue de faire rêver les petites Japonaises aujourd’hui : un film en deux parties, Sailor Moon Cosmos est sorti en 2023, et tu peux toujours revoir Sailor Moon Crystal (2021) sur Netflix !
Le savais-tu ?
Double médaillée d’or aux championnats du monde et d’Europe en 2016 et 2017, la russe Evgenia Medvedeva est une fan absolue de Sailor Moon ! Elle l’a incarnée lors du spectacle final des Championnats du monde, et devait la représenter dans un show au Japon en 2020, hélas annulé par le covid.
Millenial magical girls
Au tournant du 21e siècle, de nouvelles vedettes sont apparues. Si les héroïnes de Magical Doremi sont accessibles aux petites filles, Card Captor Sakura propose un sous-texte plus sombre qui ravit également les adolescentes. Cette tendance se prolonge avec Puella Magi Madoka Magica, un titre sans concession qui a fait couler des torrents de larmes dans les années 2010 ! Avec des sagas comme Pretty Cure, en cours depuis 2004, les magical girls se comptent par dizaines, voire par centaines au Japon ! Il devient alors difficile de leur trouver une vraie personnalité, tant elles sont nombreuses. Et si le renouveau venait de France ? Après tout, Miraculous Ladybug est un tel succès
qu’il s’est même retrouvé adapté en manga au Japon !
Par Matthieu Pinon