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Culture japonaise : Le dit du Genji

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C’est le livre le plus connu du Japon. Au collège comme au lycée, il n’est pas un élève qui n’ait pas étudié un passage du Dit du Genji ! Entre clins d’œil et adaptations fidèles, ce classique a inspiré de nombreux mangakas.

Mille ans plus tôt, au Japon…
L’époque de Heian, considérée comme l’âge d’or de la culture et de l’art japonais a duré de 794 à 1185. En gros, par rapport à la France, de Charlemagne à Philippe-Auguste. Le pays vivant en paix, les aristocrates peuvent se consacrer à la poésie, la calligraphie, la peinture… et la drague ! C’est durant cette époque que se déroule Le dit du Genji. Le Genji, c’est le second fils de l’empereur : comme il n’a pas la pression de l’héritier au trône, et peut donc passer son temps à conter fleurette auprès des ravissantes dames de la Cour. Entre tromperies amoureuses et complots politiques, son parcours fera palpiter bien des cœurs pendant plusieurs siècles.

statue de murasaki
La statue de Murasaki Shikibu, incontournable à Kyoto !

En effet, Le dit du Genji a été rédigé au début du 11e siècle… et n’a jamais perdu de sa popularité au Japon, même aujourd’hui. Son autrice, Murasaki Shikibu, est une référence littéraire que tous les Japonais connaissent : son portrait illustre d’ailleurs les billets de 2000 yens ! Sa statue près du pont d’Uji est également un passage obligé pour tous les touristes japonais de passage à Kyoto.

Dès sa parution, l’ouvrage rencontre un succès inestimable. Auparavant, en effet, les écrivains étaient avant tout des hommes, dont les romans tenaient plus du conte pour enfants, avec un contenu assez fantaisiste. Pour la première fois, Le dit du Genji s’intéresse à l’état d’âme de ses protagonistes, ce qui en fait le premier roman psychologique de l’histoire, plus de huit siècles avant Le rouge et le noir, Crime et châtiment ou À la recherche du temps perdu !

billet de banque
Grâce au Dit du Genji, c’est la première fois qu’une femme illustre un billet de banque japonais !

Un roman fondateur
Le dit du Genji est également un roman précurseur dans son écriture, au sens littéral. En effet, Murasaki Shikibu l’a entièrement écrit en hiragana. Cette écriture phonétique est une invention japonaise, alors que les kanji avaient été empruntés à l’écriture chinoise. Cette démarche inscrit donc encore plus le roman dans l’histoire du Japon. Puisque l’époque de Heian était particulièrement raffinée, les nobles faisaient très attention à leur manière de parler.

Très souvent, ils inséraient des poèmes waka, qui permettaient à la fois de s’exprimer de manière indirecte, et de montrer l’étendue de sa culture. Le dit du Genji en contient plus de 800, dont les plus célèbres sont étudiés par tous les écoliers, à la manière de nos fables de La Fontaine.

Malgré toutes ces qualités, s’attaquer à la lecture du Dit du Genji est très compliqué aujourd’hui. Pour commencer, aucun personnage n’a de nom : ils sont tous appelés selon leur position à la cour ! De plus, l’unique traduction en français du roman est assez aride, et ne possède aucune note explicative. Le meilleur moyen pour découvrir ce monument de la littérature nippone est donc de passer par ses adaptations en manga.

Parmi des dizaines de versions, la plus célèbre au Japon, Asaki yume mishi, a été publiée entre 1980 et 1993 : ses 13 tomes ont également reçu un très bon accueil critique au point d’être surnommés Yamato Genji, du nom de la mangaka Waki Yamato. Elle sortira cette année 2024 chez Panini Manga. Si tu préfères une version plus récente, tu peux te procurer une version condensée dans un manga qui s’arrête avec la mort du Genji (le roman continue ensuite en s’intéressant à sa descendance). Il existe également une version animée abrégée, un splendide film réalisé par Gisaburo Sugii sous le titre français Le roman de Genji – deux adaptations à découvrir dès 14 ans.

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Inédit en France, Asaki Yume Mishi est culte au Japon !