BD documentaire : La Mue, un pèlerinage au Japon

par Matthieu Pinon

Tu vas découvrir le Japon, et sa partie rural, d’une manière original grâce à La Mue, un pèlerinage au Japon, une BD en promenade de d’Émilie Saitas.

La France a le Chemin de Compostelle, le Japon a le pèlerinage de Shikoku. Un parcours à la fois universel pour explorer le Japon rural, mais aussi personnel où chaque pèlerin se redécouvre intérieurement. C’est sur un coup de tête que la dessinatrice belge Émilie Saitas est partie faire ce périple, peu après avoir appris son existence. Pas vraiment préparée, elle se lance avec entrain dans une aventure qui la transformera, et dont elle témoigne dans une BD-documentaire à part.

En route pour l’aventure !

C’est la plus petite des « quatre grandes îles du Japon ». Au sud d’Okayama et de Hiroshima, l’île de Shikoku est souvent ignorée des touristes car elle n’est pas desservie par le Shinkansen, le célèbre TGV nippon. Pourtant, sa célébrité a franchi les frontières de l’archipel pour son pèlerinage !

Long de 1 200 kilomètres, il suit plus ou moins le périmètre de l’île. Tout au long de ce parcours, les pèlerins visitent 88 temples, avant de revenir à leur point de départ – le trajet est circulaire ! Il faut entre 30 et 60 jours, en fonction de sa forme, pour accomplir le pèlerinage entièrement à pied. Alors que beaucoup, par manque de temps, le font en express avec une voiture et en ne s’arrêtant qu’aux principaux temples, Émilie, elle, a choisi de respecter l’essence même de cette expérience initiatique.

Ou presque ! L’occidentale ne s’encombre pas des différents accessoires habituels des pèlerins (le chapeau conique sugegasa, la veste blanche hakui, l’étole wagesa ou la clochette jirei par exemple), mais emporte cependant un carnet nôkôyôchô et des cartes de visite osame-fuda à déposer dans chaque temple.

Un kilomètre à pied, ça use, ça use…

Présenté sous forme de carnet de bord, La mue peut se lire de multiples façons. Comme un journal de voyage tout d’abord, afin de découvrir l’île méconnue de Shikoku, sa faune, sa flore, ses temples, sa gastronomie – en particulier la cuisine bouddhique, shojin ryori, composée uniquement de plats végétariens, que doivent respecter les pèlerins pendant leur expédition. Mais tu peux aussi t’y plonger comme dans un journal intime, et découvrir les doutes et les remises en question de son autrice. Comme l’indique son titre, cette expérience l’a transformée, comme un serpent se débarrassant de son ancienne peau – un parcours initiatique qui illustre plusieurs notions abordées en cours de philo.

Enfin, on savourera le choc des civilisations à travers les rencontres de la randonneuse belge. À la croisée de la BD et du roman graphique, La mue est un cadeau idéal à faire aux membres de sa famille encore pétris de clichés sur le Japon pour leur faire découvrir
la culture ancestrale de l’archipel… et, qui sait, les amener à lire à leur tour des mangas !

Pourquoi le lire ?